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2 décembre 2008

Le Mois de la photo à Paris ... Suite...

                                                                                                                                         

Par Magali Lesauvage et Nedjma Van Egmond sur Fluctuatnet

La photographie européenne, entre tradition et mutation, c’est le thème retenu pour ce mois de la photo. Un mois qui s’inscrit dans la durée, et dont certaines expos se poursuivent jusqu’en janvier. Centres culturels et musées prestigieux, galeries et hôtels, une centaine de lieux ouvrent leurs portes à des clichés d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui. Dans ce foisonnant dialogue des regards et des formes pour une image fixe en mouvement, nous avons retenu dix expos. Tour d’horizon très subjectif d'événements à ne pas manquer.

                                                                                                                                                                                                                                                     

Sarah Moon

Pour Noël sort aux éditions Delpire (celles qui publièrent Les Américains de Robert Frank) 12345, gros coffret consacré au travail de la photographe Sarah Moon. A cette occasion, la galerie Camera Obscura, située en face de la Fondation Cartier, propose une rétrospective de son œuvre. Si les photos de la shooteuse des publicités Cacharel, âgée aujourd'hui de soixante-sept ans, ne se situent pas vraiment dans ce qu'on fait de plus pointu en matière de photographie contemporaine, on prend plaisir à feuilleter le coffret comme si on se replongeait dans un album de photos de famille, avec cet émouvant mélange de familiarité et d'imperfection qui fait le style de Sarah Moon, écho à l'esthétique des photographes pictorialistes anglais de la fin du XIXe siècle.

Sarah Moon, galerie Camera Obscura, 268 boulevard Raspail, Paris, du 24 octobre au 6 décembre 2008

70'. Le choc de la photographie américaine

Dans la galerie de photographie de la Bibliothèque Nationale s'exposent quelques 300 clichés tous issus des collections-maison du département estampes et photographie. 35 photographes américains qui, à l’orée des années 70, bousculent les cadres, les codes, les sujets même. « Je crois vraiment qu’il y a des choses que personne ne verrait si je ne les photographiais pas », assure Diane Arbus. Dans son objectif et ceux de Lee FriedlanderLarry Clark ou William Klein, l’Amérique dans tous ses états. En noir et blanc exclusivement. Concours de beauté et réunions tupperware, jeunesse paumée ou faiseuses de banana splits, portraits léchés et flou artistique… Dix sections thématiques composent cette plongée.

Bibliothèque Nationale site Richelieu jusqu’au 4 janvier 2009.

Jordi Colomer

Après l'Institut d'art contemporain de Villeurbanne, en 2004, le Jeu de Paume, à Paris, présente une rétrospective de Jordi Colomer, artiste catalan exilé en France. Essentiellement vidéaste, celui-ci mène depuis une quinzaine d'années un travail sur le rapport de l'individu à son environnement, le plus souvent dans le contexte urbain, lieu de superposition des identités et des langues (ainsi dans la vidéo Babelkamer, évocation contemporaine de la Babel mythique), ou plus récemment dans le désert (En la Pampa, 2007-2008). Oeuvre majeure de l'artiste, Anarchitekton (2002-2004) consiste quant à elle en une série de performances photographiées lors desquelles un personnage, double de l'artiste, manifeste dans plusieurs grandes villes du monde en brandissant des modèles réduits de constructions emblématiques du modernisme, dans une ironique posture critique.

Jordi Colomer, Jeu de Paume, Paris, du 21 octobre 2008 au 4 janvier 2009

Sabine Weiss

L’expo est sous-titrée « photographe de lumière et de tendresse ». Et il est vrai que Sabine Weiss montre une profonde tendresse pour ses sujets. La photographe suisse a écumé la France et le monde. A oeuvré dans la mode et le reportage pour les plus grands titres, a croqué des familles, des couples, des enfants. A la manière de ses amis, les « humanistes » Doisneau et Ronis, elle veut révéler le merveilleux du quotidien, tout en le faisant de façon moins lisse. Lyon et Paris sont voilées par des brumes nocturnes, un cheval galope porte de Vanves, les baisers s’échangent à la pelle. Et puis il y a ces gosses, pas sages comme des images, mais joueurs, frondeurs, boudeurs, parfois pauvres, parfois en pleurs, souvent facétieux. Comme cette petite Egyptienne, visage devenu culte qui déploie ses boucles brunes et ses grands yeux noirs en riant. C’est magnifique.

Maison Européenne de la photographie, jusqu’au 25 janvier 2009.

Maja Bajevic, Quelqu'un veille sur toi

Intitulée Quelqu'un veille sur toi, l'exposition de l'artiste franco-yougoslave Maja Bajevic à la galerie Michel Rein articule une réflexion sur les difficultés de communication et sur le rapport entre ce qui est dit et la réalité. Dans la vidéo Spook Words, une vieille femme lit une liste de mots qu'elle ne semble pas comprendre, tandis que dans la quadruple installation vidéo That Would Be All, Thank You, trois individus visiblement ennuyés écoutent d'une oreille une femme désignant les dangers de la drogue, la scène témoignant de l'incommunicabilité de l'expérience non vécue. Au centre de la galerie, The Inter-Machine, machine à tirage au sort, tourne inutilement (aucune boule ne peut sortir de la centrifugeuse), ballotant des extraits du Capital de Marx ou de pubs Intermarché — signes d'un héritage perverti, car mal, voire non communiqué.

Maja Bajevic, Quelqu'un veille sur toi, galerie Michel Rein, 42 rue de Turenne, Paris, du 11 octobre au 22 novembre 2008


Patrick Mimram : Prélèvement urbains

Des vitrines débordant d’objets, sex toys, aliments, mannequins de cire. Des escalators gigantesques aux tons bleutés, gris, froids. Des entrées de parkings emplies d’enseignes et d’injonctions, jusqu’à l’overdose. Autant de clichés pris nuitamment dans une atmosphère sombre baignée de lumière artificielle et un horizon totalement dépourvu de présence humaine. Ces images d’urbanité, format géant sur les vastes murs blancs du Passage de Retz tranchent singulièrement avec la vision offerte par l’autre côté des vitres : du lierre jaunissant courant sur les murs, un sol jonché de feuilles mortes.
Les séries Windows, Escalator et Parkings occupent le rez-de-chaussée du site. A l’étage, l’amusant Billboard project. De Venise à Tokyo, de Lyon à Moscou, le photographe Patrick Mimran –également vidéaste, peintre, sculpteur- a affiché sur maints panneaux publicitaires son point de vue sur l’art. « L’art n’est pas où tu penses que tu vas le trouver », y clame-t-il notamment…

Passage de Retz jusqu’au 4 janvier 2009.

Shirana Shahbazi

La jeune photographe iranienne Shirana Shahbazi, née en 1974 à Téhéran et vivant aujourd'hui à Zurich, est l'invitée du Centre culturel suisse, qui a confié à Nicolas Trembley le commissariat de l'exposition. Si l'artiste exploite le filon, déjà usé jusqu'à la corde, de la nature morte et de la vanité, notamment dans la série Flowers, Fruits & Portraits, c'est en y employant un sens aigu de la couleur et de la composition, qui dénote un œil de peintre et l'influence des Hollandais du 17e, mais aussi de la miniature persane (elle-même influencée par la peinture occidentale...). Ce jeu de va-et-vient entre cultures et époques participe d'une forme de globalisation de l'esthétique à l'œuvre actuellement dans le champs de la représentation.

Shirana Shahbazi, Centre culturel suisse, Paris, du 26 octobre 2008 au 4 janvier 2009 (en même temps, curatée également par Nicolas Trembley, l'exposition Around Max Bill)

Transmigration, quatre photographes mexicains en Europe

Des yeux mexicains, un esprit empreint de fragments de culture européenne. L’institut du Mexique expose quatre photographes mexicains –quadras et quinquagénaires- à l’œuvre européenne. Le muralisme mexicain inspire Cristina Kahlo, qui imprime une couleur très kitsch à ses clichés de fête foraine suisse ; chez Pablo Ortiz Monasterio un dialogue imaginaire entre deux chirurgiens, mexicain et italien. L’influence de Flor Gaduno est double (Hongrie-Mexique) jusque dans le réalisme fantastique qu’elle insuffle à ses clichés anthropologiques, statuettes, paysages, natures mortes. Le volet le plus intéressant ? Cette série d’images de familles de migrants en Espagne, signée Raul Ortega. Ils viennent du Pérou ou du Mexique, de République Dominicaine ou du Nigeria et ont trouvé en Espagne une terre d’adoption. Il y a dans ces micro-tranches de vie le mouvement des peuples, l’histoire, l’humanité surtout.

Instituto de Mexico, jusqu’au 17 janvier 2009.

Lin Delpierre, Itinéraires

Il ne les a pas fait poser, pas portraiturées. Il ne les a pas choisies spécialement pour leur beauté. Dans la spontanéité et le mouvement, Lin Delpierre a joué les passants, face aux passantes. A 1,5 mètre, 2 mètres de distance , tout au plus, il a shooté ces femmes d’ici et d’ailleurs. De Barcelone à Bruxelles, de Paris à Buenos Aires, autant d’apparitions. Des marcheuses, rythme lent ou allure rapide. Ici, une dame coiffée d’une choucroute porte un brin de muguet et arbore un sourire éclatant. Contraste saisissant avec le clochard assis derrière elle. Là une dame au port altier sourit, à une terrasse. C’est encore cette blonde en tailleur sage, cette brune à robe rose. Un travail au long cours, sur la vie comme elle va. Galerie Cour Carrée, jusqu’au 29 novembre.

Tania Mouraud, Roaming et Borderland

Tania Mouraud, dont on a pu admirer lors de la Fiac 2008, sur le stand de la galerie Dominique Fiat, la magnifique installation vidéo La Fabrique, investit les espaces du non moins somptueux (et pourtant très peu connu) Musée de la Chasse et de la Nature pour présenter des œuvres réalisées lors d'une résidence à Bel-Val, ancien territoire de chasse dans les Ardennes. Dans la lignée de La Curée (2004), vidéo acquise par le musée pour être présentée château de Chambord, Roaming (Errance, 2008), tourné en pleine nature, abstrait le paysage au point de le rendre inintelligible, tandis que dans la série photo Borderland (2007), images de la campagne se reflétant dans du plastique noir, Tania Mouraud brouille la vision et renouvelle la représentation du paysage.

Tania Mouraud, Roaming et Borderland, Musée de la Chasse et de la Nature, Paris, du 18 novembre 2008 au 22 février 2009

 

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