Née en 1971 Vit et travaille à Paris Diplômée de l'Ecole Supérieure d'Art de Clermont-Ferrand
Enseignante à l'ENSA Limoges
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Actuellement
Ravine Les Instants chavirés, Montreuil >> jusqu'au 6 mai 2012 en savoir +
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À venir > 2013
Exposition personnelle Galerie Sémiose, Paris site web Exposition personnelle Maison des arts, Malakoff site web
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Le Pays du milieu, gouache sur papier, 75 x 120 cm, 2010, collection artothèque de Limoges
Anne Brégeaut par Antoine Marchand
« Les mémoires sont projetées depuis le présent, ou depuis un lieu entre le présent du patient adulte et de son enfance, qui le reconstruit de manière symptomatique ou, peut-être, comme il en a besoin. »1
Land Art, paysage altéré, paysage mental, pour n’en citer que les courants les plus récents. La question du paysage est récurrente dans l’art. Néanmoins, avec ses « paysages oubliés », Anne Brégeaut en propose une nouvelle lecture, nourrie davantage par son imaginaire que par l’observation de la nature et des grands espaces. Ces sculptures peintes – à moins qu’il ne s’agisse de peintures en trois dimensions – montées sur roulettes, qui ressemblent à des jouets, nous transportent vers un ailleurs onirique et imaginaire, cependant profondément hostile et anxiogène. […]
Nombre des compositions de cet ensemble jouent sur cette contradiction entre des paysages reculés, propices a priori à la méditation et au retour sur soi, et un élément, une situation, qui viennent en perturber la tranquillité et ne permettent jamais d’y projeter un bonheur intense et total. Le constat est sensiblement le même pour les peintures de l’artiste, illustrations de nos fragilités et fêlures intimes. D’un format supérieur à ses gouaches habituelles, leur force ne réside pas tant dans ce qui est représenté que dans l’absence et le manque qu’elles soulignent. Ainsi, personne n’habite les pavillons du Pays du milieu, et le cheval à bascule de La forteresse de la solitude ou la fête foraine du Pays du jamais jamais semblent attendre la venue d’un enfant pour enfin s’animer. […] Tel un journal intime qui égrènerait des fragments de vie, le corpus développé par Anne Brégeaut questionne notre rapport à la quotidienneté, au couple, et s’interroge sur la solitude inhérente à notre monde contemporain. Et si chacune de ses pièces existe individuellement, c’est bien dans l’ensemble et la profusion que s’installent cette ambivalence, cette « inquiétante étrangeté » qui créent systématiquement le trouble dans l’esprit du regardeur.
[…] Ses peintures et sculptures, chargées d’une dimension émotionnelle, aiguisent notre curiosité en faisant appel à nos expériences intimes. […] Tels Alice in Wonderland suivant le lapin blanc de manière irrépressible, il ne nous reste donc qu’à plonger dans les univers fictionnels d’Anne Brégeaut, laisser nos souvenirs nous submerger, nous perdre dans les labyrinthes – comme le suggère l’installation J’avais décidé de m’endormir (2009) – et peut-être, au sortir de cette introspection, mieux accepter nos faiblesses et s’ouvrir plus facilement sur le monde, aussi angoissant soit-il.
1. Howard Singerman, « Memory Ware », in Mike Kelley. Educational Complex Onwards 1995-2008, Zurich : JRP Ringier, 2009, p. 314.
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